Notre horaire de travail ayant été aimablement bidouillé par l'un de nos managers, nous étions bien au premier rang pour le concert d'Anne Clark au Beursschouwburg jeudi dernier. Un lieu qui se targue d'ailleurs d'avoir accueilli il y a pile poil trente ans le premier concert hors UK de de cette icône de la new wave.
"Artiste" serait probablement plus approprié en fait... Anne Clark n'est pas un de ces produits "revival". Après trente années de carrière, agrémentées d'une quinzaine d'albums et d'incessantes tournées à travers le monde, l'Anglaise continue d'aimanter ses plus fidèles fans mais également une nouvelle génération à peine née lorsqu'elle est apparue dans l'univers musical en 1982.
Symbole de cette faculté de traverser les générations, c'est avec "Full Moon" tiré de son dernier album "The Smallest Acts of Kindness " (2008) mais au son évocateur des 80's, qu'elle a débuté son set.
Premier moment intense avec "Leaving" et ses paroles ("Remember me for what I was/Not as I am now/I'll merge into the shadows/I'll disappear in the rain") caractéristiques du monde dur et sombre de Miss Clark. Deux cents spectateurs commencent à prendre la mesure, tandis que la chanteuse sera délaissée par son groupe compact (synthé/ordi, batterie, guitare et violoncelle) le temps de deux chansons avec son pianiste Murat Parlak. "So Quiet Here" et "Drunk", traduction d'un texte de Baudelaire ("Enivrez-vous"), sont de magnifiques respirations qui montrent qu'Anne Clark sait faire passer ses émotions sans nécessairement faire péter les beats.
Retour vers le futur juste avant la fin de la première partie avec "Seize The Vivid Sky" et une superbe version de "Elegy For a Lost Summer". Anne Clark se colle au pied de son micro, fait quelques pas en arrière, battant la mesure du pied et claquant des doigts, puis regarde fixement ses musiciens et l'effet de sa musique sur la foule. A 52 ans, look de garçon manqué, elle continue de capter le regard grâce à une présence scénique minimaliste mais forte.
Le rappel débute calmement avec le récent "As Soon As I Get Home" puis prend de la puissance avec le classique "Sleeper in Metropolis" et "Boy Racing", qui figurerait bien sur un album d'Archive par exemple. "Abuse" est ensuite plus qu'une rampe de lancement pour un puissant "Our Darkness", l'autre chanson-phare, qui fera bouger les têtes, les bras et les jambes.
Un concert sobre (quelques "merci" par-ci par-là et un "see you tomorrow in Ghent?") qui confirme la classe d'une artiste capable de traverser les années en restant fidèle à elle-même.